Éducation pour tous (EPT) : un aperçu des défis et des réalisations depuis son adoption en 2000
- Amina
- 17 juil. 2024
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Enfants assis par terre dans une salle de classe de l’école primaire de Missiran, en Guinée. Crédit photo : Michel Yaradouno
Même si 20 ans se sont écoulés depuis l’adoption de l’Éducation pour tous (EPT) pour surmonter les obstacles mondiaux associés à l’accès à une éducation gratuite et de qualité, il reste encore beaucoup à faire. À l’heure actuelle, une grande majorité d’enfants ne sont toujours pas scolarisés et la plupart d’entre eux travaillent. Bien que certains progrès aient été réalisés depuis son initiative, le mouvement n’a pas connu de bons résultats à travers le monde. Le nombre d’enfants non scolarisés en Afrique subsaharienne est plus élevé que dans d’autres régions cibles, notamment l’Asie du Sud et de l’Ouest et le reste du monde. Par exemple, selon l’UNESCO, en Afrique subsaharienne, seuls 65 enfants parmi les plus pauvres pour 100 enfants parmi les plus riches vont à l’école. En Afrique du Nord et en Asie occidentale et méridionale, ce chiffre s’élève à 90 enfants parmi les plus pauvres pour 100 enfants parmi les plus riches.
De plus, dans 32 pays d’Afrique subsaharienne, au moins 20 % des enfants scolarisés risquent d’abandonner leurs études. Environ 9 millions d’enfants, en particulier les jeunes filles, ne seront probablement jamais scolarisés. (Banque mondiale)
De plus, d’autres facteurs tels que le manque de soutien parental, la grossesse, les déplacements longue distance et les frais de scolarité créent davantage d’obstacles pour les enfants ; là encore, il s’agit particulièrement des filles qui souhaitent fréquenter l’école primaire et secondaire.
La gravité de cette situation est illustrée par l’histoire malheureuse d’une jeune Tanzanienne nommée Imani. À 16 ans, Imani aspirait à poursuivre ses études et à trouver un emploi pour aider sa famille. Mais elle a été confrontée à la réalité lorsqu'elle est tombée enceinte après avoir été agressée sexuellement par son tuteur privé, que ses parents avaient embauché avec des revenus de misère pour l'aider dans ses études pendant les week-ends. Bien qu’elle ait été victime, cet événement a conduit à son expulsion immédiate de l’école (hrw.org).
Malheureusement, le cas d'Imani n'est pas un incident isolé, car il existe de nombreux autres cas similaires non signalés.
Le manque de soutien parental constitue un obstacle majeur dans de nombreux pays africains. Face à des contraintes budgétaires, la plupart des parents choisissent d’envoyer leurs fils à l’école plutôt que leurs filles. La plupart de ces enfants qui vivent dans des régions éloignées finiront par abandonner leurs études faute de moyens de transport. Quant aux familles vivant dans l’extrême pauvreté, la possibilité de payer les frais de scolarité est hors de question. Pour eux, mettre de la nourriture sur la table est la priorité absolue.
Mais pourquoi le système éducatif africain est-il si à la traîne par rapport au reste du monde ?
Il y a avant tout le manque d’engagement des gouvernements africains à adopter des politiques orientées vers l’éducation.
Ensuite, il existe un risque élevé de corruption parmi les dirigeants politiques. En Guinée par exemple, on assiste à une explosion d’écoles privées avec peu ou pas de règles réglementaires, mais pratiquement pas d’écoles publiques. Les quelques écoles publiques existantes ne disposent pas des infrastructures et des ressources nécessaires pour fonctionner correctement et accueillir le nombre croissant d’enfants d’âge scolaire.
La qualité de l’éducation disponible est médiocre car les enseignants ne sont pas formés selon les normes nationales. La plupart des enseignants reçoivent une éducation formelle dans le cadre d'un programme de formation de deux ans et passent toute leur carrière d'enseignant sans avoir la possibilité de perfectionner leurs compétences.
Cela ne veut pas dire que des progrès n’ont pas été réalisés depuis l’adoption de l’EPT. Au contraire, certains pays africains comme le Burundi ont considérablement augmenté leur taux net de scolarisation. Le taux au Burundi est passé de 41 % en 2000 à 94 % en 2010. Dans 11 autres pays d'Afrique subsaharienne, le taux net de scolarisation a augmenté de 20 % entre 1999 et 2012. On estime que 34 millions d'enfants supplémentaires sont nés avant 2010 ont eu accès à l’école pour la première fois d’ici 2015. (Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous, 2015)
Les améliorations apportées sont en grande partie dues à la suppression des frais de scolarité. Rien qu’en Afrique subsaharienne, 15 pays ont adopté avec succès cette loi. En conséquence, ces pays ont connu un impact positif net sur la scolarisation. Par exemple, la Guinée, le Bénin, le Cambodge, le Népal, le Mali, le Mozambique et l’Éthiopie ont augmenté leurs taux d’achèvement du primaire de 20 points de pourcentage parce que les parents pauvres n’étaient pas tenus de payer les frais de scolarité de leurs enfants. La Tanzanie et l’Éthiopie ont réussi à réduire de manière significative le pourcentage d’enfants qui n’ont jamais été scolarisés. (Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous, 2015)
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